Patrice Guirao : Trois Noyaux d'abricots
Editions Au vent des Iles. 233 pages
Sauveur Solin a huit ans et vit un drame. La directrice de son école, en région parisienne, est tombée et gît au pied des escaliers. A-t-elle glissé ? L'a-t-il poussée ? Dans sa tête, le garçon retient le temps et se souvient. Trois ans auparavant, sa vie était douce dans son village d'Algérie… jusqu'à ce que l'ombre de la guerre ne se dessine en toile de fond, charriant son cortège d'horreurs et d'absurdités. Alors, face à elle, comme un rempart, se dressent les souvenirs. Ceux qui parlent des copains, de la mort naturelle du pépé, d'un poème de Garcia Lorca, de tontons héroïques, de noyaux d'abricot, d'une casquette bien chaude. Sauveur s'accroche à son innocence, il grapille tout le bonheur qu'il peut dans ces flash-back. Mais était-ce du bonheur ? Est-il le témoin ou bien l'acteur de toute cette tragédie ? Est-ce ainsi que les enfants de la guerre grandissent, la mort sans cesse collée aux basques ?
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Dans ce récit d’enfance, inspiré de celle de Patrice Guirao, nous sommes dans la tête d’un enfant qui grandit dans le contexte de la guerre d’Algérie.
« J’ai cinq ans, j’ai six ans, j’ai sept ans, j’ai huit ans et c’est la guerre. »
Avec ses mots d'enfant, il nous raconte la vie en famille dans ce pays où il est né et ne comprend pas les ruptures avec ses amis maghrébins et leurs familles. Jour après jour, la tension monte entre communautés et il apprend à lire les slogans sur les murs « La valise ou la mort », « OAS vaincra ». Entre les jeux d’enfants avec les copains du quartier qui deviennent de plus en plus restreints, les amis et la famille qui partent vers la métropole, Sauveur peine à comprendre les enjeux et les mots des grands : « nous aussi on va partir en France ? » demande-t-il. « Ici c’est la France, tu sais ».
Les récits des anciens, réels ou inventés font rêver le petit garçon : la lutte de tonton Joseph contre Djilali le brigand qu’il fait raconter sans cesse à sa mémé l’emmène dans « un western ocre. Une terre d’oliviers. De chevaux petits et nerveux. Fiers. De turbans, de djellabas blanches, de fusils longs à la crosse incrustée d’argent. »
Les attentats, l’insécurité augmentent, des proches sont assassinés, malgré un père enseignant et respectueux de son devoir, il faudra partir et s’adapter à une nouvelle vie, ailleurs, mais toujours en famille.
La merveilleuse plume de Patrice Guirao nous prend du début à la fin dans un maelström d’émotions. On se dit que la guerre affecte durablement la vie de ces enfants qui ne comprennent pas l’absurdité des évènements créés par les adultes.
Nous remercions Babelio pour l'envoi de ce service presse qui nous a permis de découvrir l'univers de Patrice Guirao.
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