Dominique Van Cotthem – Les eaux assassines


Genèse Éditions – 233 pages

Une rivière sort de son lit et envahit les villages des alentours. Trois femmes, avec charge d'âmes, ne peuvent évacuer. Heure par heure, les eaux montent. Au matin du deuxième jour, les eaux ont atteint les étages. Leïla, l'infirmière, mère d'un bébé, se retrouve doublement piégée, par l'inondation et par un mari violent. En épouse modèle, elle hésite à le quitter. Quand l'eau entre dans sa maison, ses incertitudes vont voler en éclats. Réjane, la dentellière, n'a pas pu déplacer sa vieille mère souffrant d'Alzheimer. À mesure que l'eau dévaste le rez-de-chaussée, un sombre passé refait surface et met en lumière un secret de famille qui va la changer à jamais. Paloma est bloquée chez elle avec son adolescente. Elle a des raisons de soupçonner son mari de parricide. L'inondation lui apportera-t-elle la réponse ? L'histoire de ces trois femmes se dévoile au rythme de la montée des eaux. Secret de famille, suspicion de meurtre, violence conjugale, chaque maison enferme sa part de romanesque.

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Chaque jour ou presque, même en été, on voit à la télévision des images de terribles inondations qui dévastent des villages. Cette banalisation établit ces faits comme des « évènements ».

Dominique Van Cotthem a vécu elle même une inondation majeure il y a 3 ans, elle était la seule à pouvoir écrire ce roman avec autant de vérité, de précision, de sincérité, d’émotions. Elle nous démontre avec l’histoire de ces 3 femmes, que ces « situations » ne sont autres que des « drames ».

Dans ce roman, on visualise l’eau qui monte, on entend son grondement, on ressent l’humidité qui pénètre nos chairs, on s’inquiète au départ pour les aspects matériels : « mince tous les meubles vont être imbibés, il va falloir contacter les assurances, le nettoyage va être long et éprouvant,... ». Mais l’eau continue de monter, et avec elle l’intensité des émotions que ces femmes nous renvoient.

Le fracas de l’eau, comme le silence des femmes est assourdissant.

Leïla a t-elle pris tout de ce qu’il faut pour que Noah, son bébé de 5 mois, reste en bonne santé ?

Réjane va-t-elle réussir à porter sa mère impotente à l’étage ?

Paloma et Nadège réfugiées sur le toit pourront-elles parler ouvertement de leurs soupçons à l’égard de leur mari et père ?

La pluie va-t-elle enfin s’arrêter et la rivière se calmer ?

Nous rentrons dans l’intimité de ces 3 femmes, elles nous livrent leurs pensées les plus profondes, leurs secrets les mieux gardés, l’évolution de leur état psychologique. Et l’eau monte inexorablement…..

Les aspects matériels évoqués au début ne sont plus d’actualité, tout cela n’a plus d’importance. Il en va de la survie.

L’intensité des émotions que procure ce roman est immense. Il m’a touchée, émue aux larmes par moments, et plusieurs fois j’ai dû faire des pauses car j’étais en apnée, respiration bloquée en attendant de lire la ligne suivante, en attendant de savoir… Ce roman nous secoue, nous bouleverse, nous ébranle, nous submerge. Il nous fait vibrer, nous inquiète jusqu’à nous faire suffoquer.

Dominique Van Cotthem est une conteuse hors pair, elle sait manier les mots comme personne.

Un coup de cœur pour ce roman si poignant.

Ce livre est une sorte d’hommage aux victimes et à leurs familles, un hommage à tous les sinistrés des inondations qui sévissent partout. Il est aussi un appel (sans donner aucune leçon) à une prise de conscience générale par rapport aux ravages qu’engendre le dérèglement climatique. 


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