Pip WILLIAMS - La collectionneuse de mots oubliés (par Fab)

 Fleuve Éditions – 419 pages


En 1901, le mot " bonne à tout faire " est absent du premier dictionnaire d'Oxford.
Ce roman est l'histoire de celle qui l'a volé.
Esme est née entourée de mots. Orpheline de mère, elle passe son enfance dans le " Scriptorium " à Oxford, où son père et une équipe de lexicographes, sous la direction du Dr Murray, rassemblent des définitions et des citations pour constituer le tout premier dictionnaire d'Oxford.
Cachée sous la table de tri, Esme remarque un jour une fiche qui a échappé à l'un des assistants lexicographes, sans qu'il s'en aperçoive. Cette fiche contient le mot " bonne à tout faire " dont Esme ignore le sens.
Elle la recueille et la dissimule dans la valise de son amie Lizzie, jeune servante à la maison des Murray. Se donnant pour mission de " sauver " les mots, elle se met à collecter d'autres fiches en provenance du Scriptorium que les hommes du dictionnaire décident d'écarter.
Au fil du temps, elle s'aperçoit que de nombreux mots sont mis de côté, principalement quand ils concernent les femmes. Alors elle commence à constituer son propre dictionnaire, celui des mots oubliés.

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Ce roman est un dictionnaire qui raconte l’histoire du Dictionnaire…… mais pas que !

Pour ceux qui comme moi aiment les mots, leurs différents sens, leur emploi juste, ce livre nous montre combien la définition de chaque mot peut influencer notre regard sur le monde et les personnes qui nous entourent.

Le rythme est lent (surtout dans les 2 premières parties), à l’image du temps qu’à demandé la création du Oxford English Dictionnary.

On vit à Oxford (de 1886 à 1928) aux côtés de Esme et des lexicographes (tous des hommes) qui collectent mots et définitions pour en faire un dictionnaire.

Ensuite le rythme s’accélère un peu, et là on ne peut plus lâcher l’histoire.

Les mots ont-ils la même définition pour les hommes et pour les femmes ? Vous le découvrirez à la lecture de ce roman grâce notamment aux femmes attachantes, modernes, et fortes que vous rencontrerez au gré de la lecture : Esme, Lizzie, Ditte, Mabel, Tilda,...

Ce roman, nous parle des mots évidemment, mais surtout de la place des femmes dans la société, de leur quasi inexistence pour être plus exacte, de leurs combats pour avoir le droit de vote, de la naissance des « suffragettes » et des « suffragistes » et des répressions violentes qu’elles subissent.

On y vit également les débuts de la Première Guerre mondiale, les séparations, la peur, les blessés qui sont rapatriés depuis la France pour des blessures physiques mais également psychologiques, les morts annoncées par télégramme.

Je n’en dirai pas plus pour ne pas divulgâcher, mais malgré quelques longueurs, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. Tous les personnages qu’ils soient masculins ou féminins sont vraiment très attachants. Mention spéciale pour Da (le père d’Esme) et Lizzie (la « bonne-à-tout-faire »).

« La collectionneuse de mots oubliés » est un roman historique très documenté, doublé d’une histoire de vie.

Je tiens à féliciter l’auteure, Pip Williams, pour les considérables recherches qu’elle a effectuées pour nous permettre d’en connaître un peu plus sur l’histoire du premier dictionnaire. La masse d’informations qu’elle a collectées est absolument faramineuse.

Je félicite également la traductrice pour le travail remarquable qu’elle a effectué.

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