Notre interview ultra privée de Denis Albot


Interview de Denis Albot

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Denis Albot, auteur de « Blacklight »,« Du 357 dans le shaker », « Ne lisez jamais la dernière page » entre autres, édités par sa propre maison d’édition « Même pas peur - Édition », à bord de sa librairie ambulante « Carpe Diem » lors de l’une de ses étapes au Cannet-des-Maures (Var).

Il a accepté de répondre à nos questions indiscrètes ! 

Merci à lui et bonne route à la librairie « Carpe Diem » !


Bonjour Denis Albot ! Tout d’abord, peux-tu te présenter ?
Qui es-tu ?

-> Bonjour à vous deux, ainsi qu’aux lectrices et lecteurs du blog du Gabian. Et merci d’avoir fait le déplacement ! Vous avez bien résumé dans la présentation qui je suis : auteur, éditeur et désormais libraire. J’ajouterais le plus important : marié et heureux papa de deux ados géniaux. Originaire du Nord, expatrié avec bonheur depuis presque trois ans dans le Var.


Auteur, éditeur et maintenant libraire ambulant. Comment t’en sors-tu avec toute cette charge de travail ?

-> Depuis la création de la maison d’édition, j’avais déjà mis un peu de côté l’écriture. Néanmoins, j’ai trois ou quatre romans qui ne demandent plus que quelques relectures pour être considérés comme « finis ». En 2021, je n’ai prévu aucune nouvelle édition pour lancer correctement la librairie. En 2022, plusieurs sorties sont à nouveaux envisagées.





Laquelle de ces activités te prend-elle le plus de temps ?

-> Actuellement, évidemment, c’est la librairie, même si la période automnale puis hivernale me laissent un peu de latitude pour les autres activités entre deux visiteurs (lecture de manuscrits, corrections, etc.). Je profite donc de cette période plus calme pour avancer sur les projets d’éditions.


     Comment l’idée de la libraire « Carpe Diem », qui va de village en village t’est-elle venue ?

-> Dès la création de la maison d’édition Même Pas Peur, l’accoler à une librairie était prévu. C’est en démarchant les libraires du secteur pour proposer les livres que j’avais édités que j’ai pris conscience du nombre de villages et de villes sans libraire. Plutôt que de se focaliser sur un village, l’itinérance pouvait me permettre d’aller au-devant de plus de lecteurs et combler un peu ce vide.



Est-ce que le contact avec les clients est différent avec « Carpe Diem » par rapport à une librairie fixe ?

-> Je ne pense pas vraiment… Passée la surprise de voir une librairie sur un marché ou le parking d’un commerce, le rapport doit être le même. Je constate avec joie que l’accueil est très chaleureux partout, que ma présence est appréciée et que je commence à avoir des clients (surtout des clientes d’ailleurs) réguliers.


• Comment cela fonctionne-t-il :
 
Comment choisis-tu les livres que tu présentes ?

-> De part la taille restreinte, c’est sans doute la partie du travail la plus compliquée. Je suis de nombreux blogueurs littéraires, écoute les critiques radio, visionne la grande librairie et les propositions des distributeurs pour être en mesure de satisfaire la demande « courante ». Difficile d’envisager de ne pas proposer le dernier Asterix ou les prix littéraires ! Mais j’essaie aussi de proposer la découverte d’auteurs moins médiatisés. J’éprouve par exemple un réel plaisir à constater qu’au rayon « polar / Thriller », notre ami Christophe Vasse soit placé entre Franck Thilliez et Fred Vargas, sans aucune distinction.



En ce qui concerne les emplacements, l’été va-t-il te rapprocher des plages ?

-> Pas sur les marchés en tout cas. Il est même possible que je n’aie plus de place sur le seul marché où je suis présent en bord de mer… C’est un risque que je prends. Même si je ne peux évidemment pas négliger la clientèle touristique, je veux avant tout offrir un service à l’année aux lecteurs locaux. Les rendez-vous seront donc à peu près les mêmes. Peut-être que viendront s’ajouter quelques soirées dans des campings ou en bord de plage, mais de façon ponctuelle.


Les clients peuvent-ils commander des livres ?

-> Oui ! Et c’est une des raisons pour lesquelles je m’impose une présence régulière partout. On me commande tantôt sur place, tantôt par téléphone, mail, SMS, Messenger. En temps qu’éditeur, j’ai eu quelques fois des messages de lecteurs ayant voulu commander un de mes romans chez leur libraire et s’être entendu répondre qu’il n’était pas possible de commander… Or, c’est presque toujours possible mais il faut prendre le temps d’envoyer un mail à l’éditeur qui n’a pas forcément les moyens ou la volonté de travailler avec un distributeur reconnu. Je mets donc un point d’honneur à toujours au moins essayer.


•      Revenons à l’écrivain : as-tu un rituel d’écriture ?

-> Absolument pas ! J’ai la chance de pouvoir écrire à peu près partout et dans n’importe quelles conditions. Une fois lancé, je suis dans ma bulle et plus rien ne m’atteint.


     Quelle question que l’on te pose souvent t’horripile ?

-> Horripiler, c’est vraiment beaucoup dire mais il y a une question qui est récurrente et me surprend toujours : « est-ce que vous reprenez des livres d’occasion ? » Poserait-on cette question à un libraire « traditionnel », chez Cultura ou à la FNAC ? J’en doute.  


     Qui est ton premier lecteur ?

-> Mon épouse et, depuis qu’ils sont en âge de tout lire, mes enfants. Si la première est intransigeante, je soupçonne mes jeunes d’être bien plus complaisants.


     Sais-tu dès le départ comment va se terminer ton histoire ou te laisses-tu emporter par tes personnages ?

-> Quand j’écris, c’est comme si je visualisais un film que je retranscris par écrit. Je suis un très mauvais élève : pas de plan, pas de trame, je laisse l’histoire se dérouler. Neuf fois sur dix, cela ne mène nulle part et de nombreux romans plus ou moins avancés viennent remplir mon disque dur… Mais parfois, une fin se dessine peu à peu et le roman se matérialise.


     As-tu un carnet sur ta table de nuit pour noter des idées ?

-> C’est tout le problème ! J’utilise l’application « Note » de mon téléphone. Dès que j’ai une idée, je l’y inscris. Mais elles viennent souvent la nuit et ont une fâcheuse tendance à s’envoler si je me rendors… Comme j’évite au maximum de réveiller mon épouse (déjà trop souvent gênée par mes ronflements), il faut parfois attendre le matin pour la noter.


    Que penses-tu des réseaux sociaux ? Est-ce que cela a changé ta façon de travailler ?

-> Vaste débat ! Sur les réseaux sociaux et Internet en général, on a le meilleur et le pire. C’est un formidable moyen d’accéder à la connaissance, de rester en contact avec des proches éloignés… mais c’est aussi pour beaucoup un miroir déformant, donnant un sentiment d’invisibilité et engendrant trop souvent de graves débordements. Les réseaux sociaux sont néanmoins, pour moi, un formidable moyen de communication et offrent gratuitement la possibilité de se faire connaître. Ce n’est pas négligeable.

 

     Utilises-tu la personnalité de tes connaissances pour créer certains de tes personnages ?

  -> Oui, souvent ! Les personnages secondaires en tout cas. En général, ils ont d’ailleurs le prénom de la personne qui m’inspire et je le change au dernier moment. Il peut aussi s’agir d’acteurs. Dans « Ne lisez jamais la dernière page ! », la liste des comédiens présentée à la fin est assez représentative des personnages que je voyais évoluer dans le film que je me projetais.

 

     Quel auteur (mort ou vivant) aimerais-tu rencontrer ?

  -> Dans les vivants, j’ai eu la chance d’en rencontrer beaucoup et de discuter avec certains que j’admire. Franck Thilliez, pour ne citer que lui, devrait être un modèle d’humilité et de gentillesse pour d’autres. Dans les disparus, la liste pourrait être longue : Jules Verne, Antoine de St Exupéry, Gustave Flaubert, Alexandre Dumas, Molière… Mais je pense que je serais trop impressionné pour oser leur dire quoique ce soit. Si je ne devais en choisir qu’un, ce serait Roland Moreno, sans doute plus abordable. Paradoxalement, c’est la découverte de son livre, « La théorie du bordel ambiant » qui m’a donné goût à la lecture, n’ayant été que peu inspiré par les classiques qu’on nous imposait au lycée et au collège. En lisant cet ouvrage complètement « bordélique », il n’y a pas d’autres mots, j’ai compris qu’on pouvait tout se permettre, que l’écriture n’avait pas de limites. Il était en outre, à mon sens, le dernier véritable génie. Depuis sa mort, ses ouvrages sont d’ailleurs téléchargeables gratuitement et il serait dommage de ne pas les découvrir ! 


     On parle beaucoup de Thomas Pesquet, après « MON2 », envisagerais-tu un polar dans l’ISS ?

-> Mon2 est et restera, je pense, ma seule incursion dans le domaine de l’anticipation. Se projeter dans le temps était nécessaire pour aborder le sujet que j’avais en tête : la disparition de la peur de la mort. J’ai aussi commis il y a quelques années, et sous pseudo, un roman vaguement érotique dont la vie a été écourtée par le dépôt de bilan de la maison d’édition quelques mois seulement après sa parution. Mon genre de prédilection reste malgré tout le polar. Ceci dit, j’admire Thomas Pesquet et je pense que les romans inspirés par ses publications sur les réseaux vont avoir donné des idées à bon nombre d’auteurs !

 

     Quels sont tes projets ? As-tu des scoops à nous donner ?

-> Comme disait Michel Berger dans la bouche de France Gall (toute ambiguïté de cette phrase est parfaitement fortuite mais pleinement assumée par son auteur) : mes projets c’est continuer ! Apprendre, avancer, progresser et… ce serait déjà pas mal, non ? Au niveau éditorial, plusieurs projets devraient se concrétiser sous peu. Je me rends compte — c’est un hasard — que les publications de Même Pas Peur semblent fonctionner par paires : Deux polars (Ne lisez jamais la dernière page ! et Le témoin d’Abbey Road), deux romans d’anticipations (Intra-Muros et Mon2). Il devrait en être de même pour les deux suivants. Un roman de votre serviteur et un ouvrage qui ne sera pas un roman. Le thème commun — attention scoop ! — sera qu’ils auront chacun pour fil conducteur, plus ou moins présent, l’un des auteurs cités précédemment…


Encore merci à Denis Albot de nous avoir reçus dans sa librairie "Carpe Diem" et d'avoir répondu si gentiment à nos questions.
On ne peut que souhaiter que la librairie ambulante, qui apporte le livre au lecteur dans les endroits les plus reculés, remporte un succès mérité.
Souhaitons aussi que Denis nous "ponde" bientôt un de ses romans savoureux. Nous avons hâte de découvrir les deux nouveaux opus des éditions "même pas peur" ! 



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