Hiro Arikawa - Les mémoires d'un chat (Par Phil)

 Babel éditions – 2017- 325 pages



A Tokyo, un chat de gouttière au caractère bien trempé et indépendant est recueilli après un accident par Satoru , un locataire qui le recueille, le soigne et le baptise Nana, Sept en Japonais à cause de la position de sa queue. D’abord méfiant, le chat finit par rester avec Satoru et 5 ans se passent lorsque ce dernier se retrouve contraint de se séparer de Nana. Il va alors demander à des camarades d’études de recueillir le chat et entreprend un voyage à travers le Japon, rencontrant des anciens amis et évoquant des souvenirs parfois douloureux.

Le caractère de Nana ne facilite pas son intégration à un nouveau foyer et sa grande intelligence lui fait regarder les humains, dont il comprend le langage, avec une certaine sévérité. Les animaux qui croisent sa route chiens, chats, chevaux mais aussi les paysages variés du Japon sont l’occasion pour Nana de découvrir d’autres horizons que les immeubles de Tokyo.

Mais pourquoi Satoru doit-il se séparer de son animal de compagnie avec lequel il vit en bonne entente ? C’est tout l’objet de ce voyage où l’amitié entre homme et animal prend tout son poids.


Hiro Arikawa est une autrice née en 1972 dans la préfecture de Kochi, dans le sud du Japon. « Les mémoires d’un chat » est son premier roman » et a été traduit dans de nombreuses langues. Un autre de ses romans « Au prochain arrêt » est paru en 2021 chez actes Sud. A coté de son œuvre littéraire elle a écrit de nombreuses « light novels », romans pour les jeunes très appréciés aux Japon.

J’avoue être friand des romans japonais, qui nous font découvrir une culture bien différente de la notre et possèdent souvent une passionnante profondeur philosophique. « Les mémoires d’un chat » aborde des sujets sérieux avec beaucoup d’humour. Bien sur, on se prend d’affection pour Nana et son maitre Satoru. On éprouve de l’empathie pour ce jeune homme ayant perdu ses parents trop tôt, et les rencontres qu’il fait avec ses anciens amis de l’école et du lycée font remonter dans sa mémoire des souvenirs doux-amers, entre plaisir de se revoir et regrets.

Le personnage du chat, qu’on pourrait qualifier d’anthropomorphique, tant il comprend et réagit de façon proche de l’être humain peut paraître un peu caricatural, mais on comprend vite qu’il s’agit plus d’un symbole qui révèle les profonds paradoxes de l’âme humaine. A peine s’inquiète-t-on des réactions agressives du chat que son maitre est le seul a comprendre, que l’autrice nous amène dans les paysages du Japon profond, de l’ile d’Honchu où se trouve Tokyo, jusqu’à l’ile d’Hokkaido où le rude climat fait apparaitre une végétation et un mode de vie bien différents de la capitale.

J’ai apprécié le style poétique de Hiro Arikawa dont voici un petit extrait issu de la tête de Nana :

« Les vastes paysages d’Hokkaido  
Les fleurs jaunes et mauves pleines de vigueur au bord de la route –
La prairie de miscanthus grande comme la mer –
Le cheval qui broutait 
Les fruits rouges des sorbiers .. ».

Bref, une petite merveille à découvrir, qu’on aime les chats ou pas, une vision quelquefois comique et quelque fois tragique qui fait le sel de la vie.

Hiro Arikawa
Portrait © Kunihiro Fukumori


Commentaires

Articles les plus consultés

Alexis Laipsker - interview surprise

Rosalie Lowie - La malédiction de Reggio (par Phil)

DUEL – Frank LEDUC