Lorraine FOUCHET - J'ai failli te manquer (par Fab)

 Editions Héloïse d’Ormesson  - broché 357  pages 

Lise est mariée avec Axel, qu’elle adore et admire. Elle rêve d’avoir un fils et se projette déjà dans l’avenir de cet enfant, mais la désillusion est cruelle : elle donne naissance à une fille. De colère, elle l’appelle Cerise (pas celle sur le gâteau, non, plutôt comme un caillou dans sa chaussure). 
La mère et la fille n’ont rien en commun, ni la beauté, ni le caractère, ni les centres d’intérêt.
Lise est égocentrique,  séductrice, oisive, quand Cerise est humble, aimable, altruiste. Elle est très proche de son père qui fait tout pour combler le manque d’amour que sa mère ne lui donne pas. Aussi, lorsque Axel meurt d’un infarctus peu avant les 18 ans de Cerise, c’est un cataclysme. Lise n’a plus goût à rien et rejette encore plus Cerise.
Comment avancer quand on perd un être aussi cher à notre cœur ? Comment se rapprocher de sa mère qui ne vous trouve aucune qualité et qui regrette que ce ne soit pas vous, son enfant,  qui soyez morte à la place de son grand amour ? 


Cerise, écrivaine comme son père, va partir en Afrique pour son roman. Là bas elle rencontre un pilote d’avion Breton (Aelig), et une adolescente métisse (Moro) avec qui elle peut enfin s’épanouir, qui l’aiment pour elle. Elle ne cesse cependant de s’occuper de sa mère, même quand la maladie la frappe...
Lise, Cerise et Axel racontent à tour de rôle, chacun selon son point de vue, l’histoire de cette famille hors du commun. 

Ce roman m’ a fait ressentir beaucoup d’émotions parfois contradictoires. 
Lise est insupportable, toute en égoïsme, elle dépasse souvent les bornes. Son attitude envers sa fille  a provoqué de la colère en moi, ainsi que de l’incompréhension.  Dans le même temps, on ne peut s’empêcher de l’aimer puisque Cerise l’aime malgré tous les reproches, tous les affronts que sa mère lui fait. On a de la peine pour Cerise, mais on l’admire aussi,  de ne pas laisser tomber, d’essayer envers et contre tout de créer un lien, de garder le cap de sa vie malgré tout. 

On navigue entre Paris et l’Afrique, et on passe du rire aux larmes en quelques pages. Les rencontres avec Aelig et Moro sont lumineuses, pleines de soleil et d’amour. On part à la découverte de la Namibie, des tribus, des couleurs. Puis on revient découvrir l’île de Groix et sa quiétude, sa sérénité. 
Quand la maladie frappe Lise, le récit devient poignant, mélancolique, on se dit que c’est trop tard, l’amour maternel est définitivement perdu. C’est sans compter la ténacité de Cerise, qui se dévoue complètement à sa mère et qui va tout faire…pour ne pas la manquer !

Les personnages de Lorraine sont toujours aussi aboutis, aussi humains, aussi attachants. Ils nous ressemblent, avec leurs défauts, leurs faiblesses. On les aime, on les déteste, mais on ne peut rester indifférent. J’ai toujours autant de plaisir à lire les romans de Lorraine Fouchet qui reste parmi mes auteurs français préférés.

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