Un abri de fortune – Agnès LEDIG (par Fab)

Éditions Albin Michel – 358 pages

Avec un peu d’amour, on fait de grandes choses. En deux années, mes voisins ont transformé cette bâtisse vosgienne à l’abandon en refuge.

Du haut de mon banc et de mon grand âge, je viens chaque jour guetter les changements. Les trois premiers locataires sont aussi cabossés que moi.
Un homme qui se remet d’un geste irréparable, une gamine fragile comme un moineau et une femme camouflant la misère sous sa légèreté. Je savais qu’au contact des arbres, des bêtes et du jardin, ils allaient oublier leurs peines et s’offrir un nouveau destin.
Quand ils ont fait cette découverte dans les taillis et qu’ils se sont mis à remuer le passé, je me suis demandé jusqu’où tout ça allait les mener.

Eh bien, vous allez être sacrément surpris.

*******

Adrien et Capucine ont construit leur couple sur les décombres de leur passé en même temps qu’ils ont retapé la grange des Censes Perdues. C’est au cœur de cette nature vosgienne, loin de la foule et de la société qu’ils ont décidé d’accueillir les blessés de la vie. Ceux qui repartent à zéro, qui doivent se reconstruire sous peine de sombrer.

Ils sont trois. Rémy, qui peine à se remettre d'un geste irréparable. Clémence, fragile comme un moineau. Karine, qui camoufle sa misère sous une apparente légèreté. Ces trois êtres écorchés qui ne se connaissent pas et ne savent rien les uns des autres, vont apprendre à se faire confiance, entre eux mais aussi à eux mêmes.

Chaque jour, un vieil homme s’assied sur un banc et les observe. Il connaît bien les lieux et leurs secrets. Il vit depuis très longtemps dans une maisonnette toute proche. Petit à petit les trois hôtes de la ferme vont s’asseoir avec lui et se confier.

Comme Jean, le lecteur est assis sur le banc qui surplombe la grange et observe les personnages se reconstruire peu à peu, à coup de longs silences et de petites confidences.

Jean, le personnage secondaire, témoin de la vie de la petite communauté, qui va devenir à la toute fin du roman le personnage principal, celui par qui la vérité éclate.

La nature vosgienne est décrite avec beaucoup de douceur et de précision. On sent l’orage, l’odeur du foin fraîchement coupé, on voit la brume du matin, les verts intenses de la forêt, on goûte la sérénité du lieu, les rayons du soleil qui apaisent, les couleurs vives des fleurs sauvages.

Le travail de la terre, du potager, l’élevage, leur permettent d’être auto-suffisants et d’avoir la satisfaction du travail accompli en dépit de la fatigue.

Malgré une enquête policière due à une découverte un peu sordide et les nombreux sujets graves abordés, Agnès Ledig nous livre un roman solaire et empli de douceur.

Un abri de fortune, nous donne envie d'apprécier les choses simples, les petits bonheurs de la vie, de contempler la nature, de prendre le temps, de revenir à l'essentiel, d'oublier le bruit et le mode de vie trépidant duquel nous sommes prisonniers.

Mention spéciale pour la couverture de ce roman qui est juste splendide !

 

Commentaires

  1. Prendre le temps... on en rêve tous. Effectivement, la couverture est superbe !
    Victoria BONUS

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