Les dernières marches - De Alain-Adrien Le Blanc (par Phil)

Tertium éditions – broché – 268 pages

 

Résumé de l’éditeur :

Dans une petit ville du Quercy, une amitié fusionnelle lie deux garçons depuis l'enfance. Jusqu'à ce jour du vendredi 10 mai 1968 où va se produire l'impensable, un acte sauvage qui mettra en émoi la population locale, pulvérisera un amour fou et séparera à tout jamais, du moins le pensent-ils alors, les deux amis. De ce drame, qui aura crucifié l'espérance de vie et de bonheur d'une jeune femme, découleront le contenu et la forme des existences de chacun des deux anciens amis. Pour l'un ce sera le refuge dans l'errance; pour l'autre la fuite dans l'enfermement. Cinquante ans plus tard, les deux hommes se retrouveront dans cette petite ville du Lot, Figeac, où tout a commencé et où tout va devoir s'achever.

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Les dernières marches, ce sont celles de l’escalier du calvaire à Figeac où commence et se termine ce roman. Amis d’enfance inséparables devenus de vieux ennemis, Renaud et Sammy se rencontrent en haut de ce lieu emblématique de la ville. Que va-t-il se passer, un demi-siècle après l’évènement dramatique qui a bouleversé leur vie ?

Ce Roman n’est pas un thriller, on sait assez vite qui est le coupable de cet acte sauvage, et on devine vite pourquoi il a été commis. Il décrit la vie des deux garçons après le drame, l’un dans l’enfermement et l’expiation , l’autre dans la fuite et dans la mémoire de son grand amour perdu.

La montée de l’angoisse dans cette petite ville choque la population tandis que le pays est secoué par les évènements de Mai 68. L’arrestation puis les aveux du coupable soulageront les habitants inquiets d’une montée de l’insécurité supposée,laissant dévastées trois familles au cœur de l’affaire.

Le sentiments des personnages sont décrits avec finesse, chacun à leur façon, les deux deux garçons se créent une carapace qui les protègent du renoncement, de la folie. On découvre le destin carcéral, puis la rédemption solitaire de l’un, toujours sous le choc de l’acte de folie qu’il a commis. Hanté par son acte, toute sa vie est vouée à l’expiation.

Rendu fou par la perte de son amour pour Elena, le second part en errance, abandonne ses études à Toulouse puis le sac sur le dos part au hasard chercher l’oubli sur des routes nouvelles, à la recherche de solitude et de repli sur sa douleur. Mais les années passent, ses sentiments pour Elena le hantent et c’est devenu vieux qu’il décide de rentrer dans la ville où il a vu le jour.

Finalement, sans le savoir mutuellement, les deux hommes retournent à Figeac terminer leur existence, là où tout à commencé et où tout doit finir, en haut des dernières marches.

J’ai apprécié ce roman pour la qualité de l’écriture, la description de la joie des enfants faisant les quatre cent coups dans tous les recoins de la ville, mais aussi par le rythme prenant, de l’évènement tragique au procès, puis par les parcours brisés des deux personnages principaux.

J’ai aimé les descriptions des paysages durant les pérégrinations de Renaud à travers le Lauraguais, à En-Calcat, au lac de St Férréol, les rochers du Sidobre et les monts de Lacaune, entre autres. Ces lieux ont éveillé en moi des souvenirs prenants.

Alain-Adrien Leblanc nous conte un drame glacial survenu comme un coup de tonnerre dans un contexte d’amitié et d’amour et nous apprend qu’un tel évènement peut bouleverser des vies à jamais, dans une petite ville tranquille du Lot comme partout ailleurs.

Il nous conte patiemment, sur un demi-siècle, le chemin de croix des protagonistes en décryptant chaque ressenti jusqu’à ce que l’on ne sache plus si l’on doit éprouver vraiment du dégoût pour celui qui est le coupable du drame et de la compassion pour celui qui en est la victime. Au cœur de ce livre réside toute la complexité humaine : amour, amitié, haine, égoïsme, repli sur soi. Le récit d’un immense gâchis.