Je revenais des autres – Mélissa DA COSTA (par Fab)
Editions Albin Michel - 575 pages
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Pour Ambre, l’arrivée dans cet hôtel de montagne n’est pas un nouveau départ mais plutôt un abandon supplémentaire. Philippe se débarrasse d’elle comme les autres, parents, famille, amis, l’ont fait avant lui. Elle est un encombrant paquet qu’on ne sait où poser pour ne plus avoir à s’en occuper. Un échec encore. Comment va-telle pouvoir recommencer, réapprendre à vivre dans une telle prison ? Éloignée du monde, coupée de tout et de tous.
Et pourtant ! Elle va y rencontrer d’autres fracassés de la vie, certains fuyant leur passé, certains se fuyant eux-mêmes, et se réfugiant tous dans cet hôtel/chalet dans lequel ils se sentent en sécurité le temps d’une saison. Un endroit qui leur apporte sérénité et apaisement.
Au fil des pages, on apprend à connaître ces personnages au même rythme qu’Ambre les découvre.
Ils travaillent et vivent
ensemble au dernier étage de l’hôtel. Ils apprennent à se
parler, à se raconter leurs blessures, tentent de s’entraider.
Mais ce n’est pas si simple, c’est un combat de chaque jour, une
lutte constante contre soi, contre son propre passé, contre l’envie
d’abandonner.
Chaque personnage est extrêmement travaillé,
charismatique ou détestable, empli de générosité ou égocentré.
Ce mélange de personnalités fait que l’on s’attache énormément
à tous les protagonistes.
Ces saisonniers se livrent car ils savent qu’après ils partiront. La pudeur prédomine au départ, laissant peu à peu place à la sincérité, celle qui répare, celle qui fait du bien, celle qui permet de mesurer nos propres peines et de relativiser certaines choses. Avec eux, Ambre apprend à se connaître, à comprendre qui elle est et à s’aimer un petit peu. Elle panse ses propres blessures au même rythme qu’elle répare les autres. Elle va grandir, elle va comprendre.
Le décor, la montagne enneigée, les mélèzes, le froid, est un cadre sublime pour ce roman
doux et dur à la fois. Un univers rude enveloppé de la douceur de la neige qui forme comme une couette moelleuse qui enveloppe le chalet et adoucit les peines.
Dès le début de l’histoire on a juste à se laisser porter, ou emporter par les personnages, par l’énergie et l’humanité qui se dégage d’eux, sans jamais tomber dans le pathos ou la mièvrerie.
Un roman qui fait du bien, qui colmate les blessures.
Le 4ème roman de Melissa DA COSTA « Les douleurs fantômes », sortira début mars 2022.
très beau retour !
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec ce retour et je ne peux que recommander de lire la suite " les douleurs fantômes" qui est absolument magnifique et très réussi !
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