Emma Donoghue - Le pavillon des combattantes (par Phil)

 Presses de la cité - 359 pages


En 1918, l’histoire d’une infirmière dans une maternité où sont regroupées les femmes enceintes atteintes de la grippe Espagnole. Julia Powers avec ses propres moyens dérisoires doit faire front et pour la première fois prendre en charge une unité car sa supérieure est elle même malade. Dans une salle exigue où les âmes comme les corps sont mis à nus, Julia, aidée d’une bénévole , Bridie Sweeney et de rares conseils de Kathleen Lynn, une médecin, membre du Sinn Fein recherchée par la police tente de sauver la vie de femmes et d’enfants nouveaux-nés. Pendant 3 jours, Julia fait face à ce huis clos intense et fiévreux et en sortira transformée, ébranlée dans ses certitudes et ses repères.


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Un récit dur, cru, sur la réalité du travail des infirmières à la veille de l’armistice dans une ville, Dublin, où la population est divisée entre les fidèles au royaume britannique et les indépendantistes Irlandais. L’Irlande de l’époque est une région dévastée par la misère, entre le départ des hommes au combats de la grande guerre, aux mauvaises récoltes et la dramatique épidémie de grippe qui décime une grande part de la population (on estime que la grippe dite « espagnole » a fait plus de morts que la première guerre mondiale). Complètements démunis sur les soins à apporter aux malades (le whisky faisant partie des remèdes utilisés !) , le corps médical est lui aussi décimé et les rares survivants, comme Julia, font ce qu’ils peuvent pour sauver ses patientes et leurs enfants.

Face à leurs nouvelles responsabilités, Julia et Bridie vont tenter de sauver les femmes et leurs enfants de la maladie. L’odeur de la mort et de l’acide phénique (seul antiseptique disponible) rode dans cette unité, et le courage des deux femmes est remarquable, contrairement aux tentatives du gouvernement pour éviter la panique par des affiches de propagande dérisoires : « VEILLEZ A RESTER PROPRE, A VOUS CHAUFFER ET A BIEN MANGER MAIS SANS CONSOMMER PLUS QUE VOTRE PART DE COMBUSTIBLE ET DE NOURRITURE. COUCHEZ VOUS TÔT ET OUVREZ GRAND VOS FENÊTRES TOUT EN PRENANT GARDE A EVITER LES COURANTS D’AIR. UNE BONNE VENTILATION ET LE RESPECT DES MESURES SANITAIRES SERONT LE SALUT DE NOTRE NATION. »

Instructions contradictoires qui semble culpabiliser la population en cette période de restriction liée à la guerre, les malnutris et les plus mal logés étant les premières victimes de la grippe.

Bien sur, ce récit n’est pas sans rappeler l’épidémie actuelle et n’est pas réservé aux âmes sensibles, mais c’est un hommage poignant à ces soignants qui parfois au péril de leur vie ont soulagé les malades et leurs enfants avec des moyens dérisoires. Le récit se déroule sur  trois jours qui vont changer le destin de Julia, une femme dans la tourmente.


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