Wendall Utroi - Le paradis des vauriens (par Phil)

Slatkine & Cie – 478 pages

 

Le nord de la France, dans les années 30. Deux enfants – Kelya, d’origine tsigane et un gamin, fils d’une prostituée et qui se fait appeler sans-nom grandissent dans un climat de pauvreté et de violence. Kelya, orpheline délurée prise en charge par un ferrailleur brutal et sans-nom vont se rencontrer et s’aimer dans les terrains-vagues et les abribus qu’ils surnomment « le paradis des vauriens ». De drame en drame, ils sont séparés par la vie une première fois, la jeune fille part dans un orphelinat austère et le garçon se retrouve sous la coupe du compagnon de sa mère qui imprime sa rage dans la chair de l’enfant. Ils finissent par se retrouver mais sont une nouvelle fois séparés par un dramatique accident. Perdu dans la vie par la perte de Kelya, sans-nom erre sans objectif dans la vie, commettant des petits délits jusqu’à échouer dans une communauté isolée dans le sud-est de la France. Il pense reconstruire sa vie avec Sarah, une jeune adepte de la communauté dominée par Mitra, le gourou cynique de la secte. Mais une fois encore, tout bascule et sans-nom retombe dans l’enfer. Retrouvera-t-il un jour goût à la vie ?

 « Le paradis des vauriens » est le neuvième roman de Wendall Utroi. Nous avions déjà salué sur notre blog « la loi des hommes », qui vient de paraître aux éditions livre de Poche.

Dans « le paradis des vauriens », Wendall Utroi nous décrit la vie difficile de deux enfants brutalisés et abandonnés par les adultes et qui se créent leur propre petit univers. Unis à la fois par le cœur et par leurs turpitudes, ils s’appuient l’un sur l’autre pour survivre dans ce monde brutal. Sans-nom, brisé par la disparition de Kelya devient ce qu’on appelle un « mauvais garçon ». On retrouve sans-nom dans les années 60, errant de village en village dans le Sud Est de la France, commettant méfait sur méfait pour survivre. Wendall nous dépeint un homme insensible à la vie, à l’amour et repensant sans-cesse à Kelya.

Lorsque le hasard l’amène à rencontrer une secte dominée par le cynique Mitra, il regarde d’un œil perplexe les traditions et cérémonies du groupe. Il s’attache à Sarah, une des adeptes , finit par fonder une famille et a un fils. Mais le souvenir de Kelya reste gravé dans son esprit. Il devient l’homme de main de Mitra, dont les activités illégales sont bien loin des messages qu’il diffuse à ses adeptes. On est effaré par les traditions et les rites de la secte, dont les pratiques sordides sont cachées aux adeptes qui se croient dans un paradis sur terre.

J’ai aimé ce roman qui bascule alternativement des années 30 aux années 60 à travers la vie d’un marginal. Wendall Utroi décrit finement la psychologie du personnage principal pour lequel, malgré ses mauvaises actions, on ne peut s’empêcher d’éprouver de l’empathie.

Seul l’épilogue un peu convenu peut légèrement décevoir. J’aurais aimé que cette partie soit un peu plus développée.

 

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