Stéphanie CASTILLO-SOLER - Libres dans leur tête (par Fab)

 

Éditions Librinova - 157 pages


Romain arrive en prison. Les choses n’auraient jamais dû en arriver là, mais une vieille femme est morte… et il doit payer. Il va partager sa cellule avec Laurent, inculpé pour l’homicide d’un dealer. En même temps qu’ils vont apprendre à se connaître, les deux garçons vont découvrir ensemble les codes de l’univers carcéral. De façon surprenante, c’est dans cet environnement hostile et fermé qu’ils vont aussi réussir à nouer des liens d’amour et d’amitié. Réflexion sur la culpabilité, la liberté, la solidarité et le sens de la vie, Libres dans leur tête est un émouvant huis-clos et un édifiant récit d’apprentissage.


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J’ai dévoré ce livre et pris grand plaisir à le lire, pourtant à première vue, un huis clos qui se passe en prison n’est pas du tout un sujet qui m’attire. Je n’aime pas les romans dans lesquels la noirceur et la violence sont les thèmes principaux, je n’aime pas lire des livres qui parlent de malheurs ou de ce qu’on voit le soir aux infos. La réalité me suffit largement.

Stephanie Castillo-Soler a fait le choix de ne pas s’attarder sur ce côté sombre de l’incarcération (même si évidemment il est évoqué et on le sent tapi dans l’ombre). Elle a pris le parti de nous révéler ce qu’il peut y avoir de beau, d’espérance, d’émouvant même dans ce lieu d’enfermement.

Libres dans leur tête ! c’est ce que sont Romain et Laurent. L’un à travers la littérature, l’autre à travers le dessin, ils ont réussi à trouver au fond de leur cellule un espace de liberté.

L’auteure nous dresse un tableau psychologique de deux personnages que pourtant tout semble opposer : Romain (pas bien méchant mais complètement paumé) et Laurent (cultivé et arrogant), leur introspection nous est racontée étape par étape avec une grande sensibilité et un choix de mots qui sonnent très juste.

Leurs différences, leurs ressemblances (le manque d’une mère notamment), leur cheminement dans l’analyse de ce qui les a conduits là et le remords, leur amitié enfin qui leur permettra de survivre à cet enfermement et de progresser pour arriver à se projeter quand ils auront purgé leurs peines.

Elle nous décrit avec humanité comment, au lieu de se décourager, ils puisent dans la littérature, dans une correspondance et dans le travail les valeurs nécessaires à leur épanouissement, au développement de leur sens commun, à passer outre les préjugés.

Cette histoire nous amène nous aussi à réfléchir à nos jugements, nous ne pouvons pas ne pas nous demander ce que nous aurions pensé des deux protagonistes si nous avions été jurés à leur procès, sans connaître la délicatesse et l’humanité qui les caractérise et que l’on apprend à découvrir au fil des pages. On s’identifie à eux aussi, ce sont des gens ordinaires qui ont fini en prison pour avoir suivi les mauvaises personnes ou pour protéger un être cher. Ça pourrait être nous !

Ce roman est un récit résolument optimiste qui nous montre comment un magnifique coquelicot d’un rouge éclatant peut naître, se développer et fleurir, même sans racines, dans la fissure d’un mur gris.

Une belle découverte !


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