Virginie GRIMALDI - Les Possibles (par Fab)

 Éditions Fayard – 360 pages

Juliane n’aime pas les surprises. Quand son père fantasque vient s’installer chez elle, à la suite de l’incendie de sa maison, son quotidien parfaitement huilé connaît quelques turbulences. Jean dépense sa retraite au téléachat, écoute du hard rock à fond, tapisse les murs de posters d'Indiens, égare ses affaires, cherche son chemin.
Juliane veut croire que l’originalité de son père s’est épanouie avec l’âge, mais elle doit se rendre à l’évidence : il déraille.
Face aux lendemains qui s'évaporent, elle va apprendre à découvrir l'homme sous le costume de père, ses valeurs, ses failles, et surtout ses rêves. Tant que la partie n'est pas finie, il est encore l'heure de tous les possibles.

**************

Jean est un excentrique avec un esprit resté très jeune (presque ado) malgré son âge avancé.

Juliane n'est pas spécialement proche de son père dont elle a un peu honte même si elle ne veut pas le dire. La cohabitation s'annonce compliquée.

Peu à peu, Juliane se rend compte des problèmes cognitifs que rencontre son père et apprend à le connaître, à l'aimer, à partager son petit grain de folie.

Les personnages sont attachants, Jean particulièrement, mais Juliane et sa sœur également.

Les thèmes abordés sont sérieux : les relations père-fille, la complicité sororale, la difficulté d'accepter la dyslexie de son enfant et ses difficultés scolaires, mais avant tout les dégâts causés par les maladies dégénératives.

Cela sent le vécu, lorsque Jean focalise sur les merles qui dévorent les cerises même en hiver, vole malgré lui des choses au supermarché, s'accroche à un rêve d'adolescent, veut absolument monter un tipi dans le jardin, etc. Tous ces moments où la maladie lui fait perdre pied, Virginie Grimaldi les décrits avec justesse et réalisme, mais également avec beaucoup d'humour et une infinie tendresse, ce qui rend l'histoire d'autant plus poignante…

Juliane raconte son déni, ses colères, et enfin sa patience déployée (lorsqu'elle a enfin accepté l'inévitable dégradation de son père) pour entrer dans son monde à lui et essayer d'illuminer leurs derniers instants vécus ensemble, évitant tout ce qui pouvait lui faire prendre conscience de sa décadence.

On s'identifie facilement tant aux personnages qu'à l'angoisse que peut provoquer une situation à laquelle chacun de nous peut être confronté. Assister, impuissant à la lente détérioration de l'état de quelqu'un qu'on aime est dramatique, mais Virginie traite le sujet de façon à nous faire sourire tout en gardant intacte l'émotion et la tristesse de la situation.

J'ai particulièrement aimé la deuxième partie du roman qui raconte le road-trip de Juliane, sa sœur et son père sur la Route 66, ce voyage de tous les possibles. Évidement, on aimerait tous pouvoir vivre une telle aventure avec nos parents avant de les laisser partir, réaliser leurs rêves de jeunesse, évidement, on n'en a pas souvent l'opportunité, mais l'histoire est belle et émouvante à lire.

La playlist du dernier chapitre est à écouter sans modération : Guns N'Roses, Metallica, Radiohead, Led Zep, elle raconte à elle seule la vie de Jean de « 10 Years After » à « Stairway to Heaven ».

En conclusion, même si mon roman préféré de Virginie Grimaldi reste « Il est grand temps de rallumer les étoiles », j'ai pris plaisir à découvrir celui-ci et j'ai passé un très beau moment de lecture.

Commentaires

  1. Ce livre est une merveille, si ce n'est mon préféré.

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  2. Un roman très émouvant que Virginie sait si bien nous toucher avec beaucoup d'humour, mon roman préféré est "Quand nos souvenirs viendront danser"

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