Victoria MAS - Le Bal des Folles (par Fab)

Éditions Livre de Poche - 233 pages

 

Chaque année, à la mi-carême, se tient le très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires.

 

Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté,
dans ce premier roman qui met à
nu la condition féminine au XIXe siècle.

 

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Avec ce roman, l’auteure revient sur le scandale de l'internement de convenance des femmes par les hommes au XIXe siècle.

On suit les destins de Geneviève, une infirmière qui voue toute sa vie à son métier, Thérèse, qui a envoyé son compagnon violent valser dans la Seine, Louise qui a été abusée par son oncle, et Eugénie qui possède un don qui dérange terriblement sa grand-mère et son père : elle communique avec les morts. Cela est suffisant pour la faire interner à la Salpêtrière.

Mais on comprendra rapidement que, quoi qu'il arrive, leur destin est scellé dès lors que la porte de cette prison est franchie, que le retour hors les murs est impossible. A compter de ce jour, ces femmes n’ont plus aucune existence, ni pour leur famille, ni pour la société.

Elles sont toutes magnifiques ces femmes blessées à l'âme, soignées par Charcot qui leur applique des séances d'hypnose pour dit-il « les apaiser », devant une assemblée de médecins, faisant fi de la plus élémentaire dignité humaine.

Les neurologues n'en sont qu'au début de la psychiatrie, à cette époque, le terme folie englobe tout ce qui effraye ou dérange, comme l'épilepsie, l'hystérie, la dépression, le traumatisme, ou simplement un comportement jugé inapproprié pour une femme. En vérité, il suffit de peu de choses, la simple volonté d'un père ou d'un mari, suffit pour se retrouver recluse à vie entre les murs de l'asile.

Victoria MAS nous livre ici un récit fort et terriblement prenant. Son écriture est fluide et ce roman se dévore. Une histoire intéressante, poignante et révoltante racontée avec beaucoup de pudeur et d’humanité. Un premier roman très prometteur.

 

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