Marie VAREILLE – La vie rêvée des chaussettes orphelines (par Fab)

Éditions Charleston poche – 481 pages 

En apparence, Alice va très bien (ou presque). En réalité, elle ne dort plus sans somnifères, souffre de troubles obsessionnels compulsifs et collectionne les crises d’angoisse à l’idée que le drame qu’elle a si profondément enfoui quelques années plus tôt refasse surface.
Américaine fraîchement débarquée à Paris, elle n’a qu’un objectif : repartir à zéro et se reconstruire. Elle accepte alors de travailler dans une start-up dirigée par un jeune PDG fantasque dont le projet se révèle pour le moins... étonnant : il veut réunir les chaussettes dépareillées de par le monde. La jeune femme ne s’en doute pas encore, mais les rencontres qu’elle va faire dans cette ville inconnue vont bouleverser sa vie.
Devenue experte dans l’art de mettre des barrières entre elle et les autres, jusqu’à quand Alice arrivera-t-elle à dissimuler son passé ?

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On a tous une boite ou un tiroir avec des chaussettes orphelines sorties de la machine à laver sans leur double, on se demande tous comment s’est possible (surtout que personnellement je mets les chaussettes dans un filet avant de les laver) mais c’est un fait ! Ce livre est donc fait pour nous.

Si le titre laisse à penser à un roman léger et humoristique, il n’est pas uniquement cela.

Les personnages sont très attachants, avec leurs fêlures, leurs chemin de vie, leurs drames et leurs réussites. Ce roman fait la part belle à tous ces personnages, l'optimiste et enthousiaste Chris, l'antipathique Jeremy, la fantaisiste Saranya et surtout la tenace Scarlett, sœur d’Alice.

Alice Smith-Rivière semble bien cacher des secrets ... Que s'est-il donc passé pour que cette jeune femme veuille repartir à zéro et balayer son passé ? Elle ne va pas bien et se décide à aller consulter une psy qui lui demande d’écrire un journal intime.

Le roman alterne la vie actuelle d’Alice, employée dans la jeune start-up « Everdream », qui a pour objectif de réunir les chaussettes orphelines à travers le monde, et les récits d’Alice à travers son journal, qui raconte son enfance, sa relation fusionnelle avec sa sœur et ses rapports avec tous les protagonistes qui ont fait d’elle la femme qu’elle est devenue. Elle raconte la pugnacité de Scarlett qui veut devenir star du rock et sacrifie toute sa jeunesse pour se donner les moyens d’atteindre son objectif, malgré tous les obstacles qu’elle rencontre.

Derrière cette histoire de chaussettes, des thèmes sérieux sont abordés, la stérilité, la dépression, la sororité, l’amitié, les liens familiaux, le poids de la culpabilité.

Le puzzle de la vie d’Alice se dévoile petit à petit, le mystère s’éclaircit peu à peu au fil des rebondissements de l’histoire. On comprend, ou plutôt on croit comprendre, les épreuves qu’elle a dû traverser. La fin du roman nous laisse sans voix tant on ne s’y attend pas, et pourtant, tout est cohérent.

C’est le premier roman de cette autrice que je lis et je me suis laissée complètement emporter par sa plume. Marie Vareille sait nous dépeindre la psychologie des personnages avec une grande sensibilité. Ce mode de narration alterné donne beaucoup de rythme à l’histoire.

Un roman doux et amer à la fois, drôle et pétillant mais aussi terrible et déchirant, avec une devise récurrente : "il n'y a pas de hasards, il n’y a que des rendez-vous".