Valérie PERRIN - TROIS (par Fab)

Éditions Albin Michel – 672 pages

UN ÉNORME COUP DE CŒUR !

 

1986. Ils sont TROIS. Ils s’appellent Adrien Bobin, Nina Beau et Antoine Beaulieu.

Ils se sont choisis, sans même prononcer un mot, juste en se prenant la main. Adrien à droite, Nina au milieu, Antoine à gauche.
A partir de ce premier jour de leur rentrée en CM2 ces trois là ne feront plus qu’un. Ils scelleront une amitié indéfectible, une amitié à la vie/à la mort.

2017. Une voiture est découverte au fond d'un lac dans le hameau

où ils ont grandi. Virginie, journaliste au passé énigmatique, couvre l'événement. Peu à peu, elle dévoile les liens extraordinaires qui unissent ces trois amis d'enfance. Que sont-ils devenus ?
Quel rapport entre cette épave et leur histoire d'amitié ? Cette découverte va faire ressurgir les fantômes du passé. Revivre les questions, les peurs, les doutes.

**********

Le roman s’articule autour de flash-back. Entre passé et présent, l’histoire est distillée avec maestria. A chaque chapitre, un nouveau rebondissement nous amène à cerner les personnages avec de plus en plus de précision. A les comprendre, à les aimer.

La narration est d’une maîtrise absolue, le tempo digne d’un mécanisme d’horlogerie, d’une précision extrême.

Le tout est rythmé par une bande son émouvante : les débuts d’Indochine, la voix de Kurt Cobain, Enzo-Enzo, Cabrel, Les Cranberries, The Cure; (à découvrir ou redécouvrir selon l’âge du lecteur), mais aussi les chansons écrites par le groupe rock formé par ce trio, et chantées par Nina de sa voix si singulière.

« Et si un jour tu doutais de moi,
J'ai un gage d'amour, la preuve par trois,
Je t'aime tant, je t'aime tant,
Avec mon sang j'ai marqué sur mon bras,
A la vie à la mort ça ne s'efface pas,
Je t'aime tant, je t'aime tant. »

Les odeurs ont aussi une grande place dans l’histoire : celle du chlore de la piscine, de la craie sur le tableau noir, de l’herbe coupée, du réconfortant chocolat chaud, de la mer enfin.

Avec TROIS, Valérie Perrin nous fait traverser trois décennies avec pudeur et délicatesse.

Elle nous parle de l’amour, de la mort, de la sexualité, de l’avortement, de la maladie, de l’amitié bien sûr, du respect, de la manipulation, de la jalousie, de la violence, du bonheur, du partage et des disputes. Des liens qui se créent, qui se trahissent, qui se rompent, mais ne s’oublient jamais et restent tapis dans les mémoires, à l’affût de la moindre occasion pour se renouer.

Les mots sont percutants, les portraits des personnages sont précis, elle nous raconte également les choix de vie, les projets qui se concrétisent ou avortent, le poids des secrets, leurs conséquences dévastatrices, les joies sans pareilles causées par l’amitié vraie mais aussi les incommensurables chagrins nés de l’amour ou de la trahison.

Si j’ai immédiatement été séduite par l’histoire de ces 3 enfants, le style un peu saccadé du début du roman m’a un peu déstabilisée. Des phrases courtes, très courtes parfois, sans verbes, donnent un rythme haché et incisif à l’histoire. Le style est très différent des deux premiers romans de Valérie Perrin. Ce changement m’a un peu bloquée et je n’ai pas vraiment adhéré. Cependant à partir du chapitre 39 j’ai retrouvé complètement la fluidité de Valérie et là je n’ai plus pu lâcher l’histoire.

Sa finesse d’écriture et sa précision dans l’utilisation de chaque mot est un régal. La profondeur des émotions qu’elle nous fait ressentir au fur et à mesure des péripéties et des réponses que l’on reçoit peu à peu à tous nos questionnements est intense.

La construction de l’intrigue est magistrale. Tout est décortiqué, expliqué, au fil des pages, avec une infinie tendresse et bienveillance.

C'est un roman puzzle, un roman sur l'enfance, l'adolescence, la vie d'adulte, un roman bouleversant sur les serments et la fidélité, un roman lumineux et sombre à la fois, une intrigue poignante cachée par du Blanc d'Espagne.

Bon vous l’avez compris, j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette histoire, j’ai essayé de limiter mon temps de lecture pour profiter le plus longtemps possible de ce bijou mais cela n'a pas été facile.

Le travail que l’écriture de ce roman a demandé à son autrice mérite vraiment qu’on prenne le temps et qu’on savoure chaque phrase.

Merci Valérie pour ces intenses moments d’émotion.

Commentaires

  1. Merci pour cette chronique, ça donne vraiment e'vie de lire

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  2. Mon coup de cœur tout est magnifiquement dit dans ta chronique j'ai eu du mal à quitter Nina Adrien et Etienne

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