Serena GIULIANO – LUNA (par Fab)
Éditions Robert Laffont – 205 pages
Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papa, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ?
Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant…
Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Mais si ce retour aux sources sonnait finalement l'heure de l'apaisement ?
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Grâce à la plume pétillante de Serena Giuliano, me voici encore une fois embarquée dans une région d’Italie que j’aime particulièrement. Naples, à bien des égards, me fait penser à Marseille, avec cela en plus qu’elle est surplombée par ce magnifique volcan qu’est le Vésuve. Majestueux mais terriblement effrayant aussi. Une menace d’une beauté remarquable qui domine la baie de ses deux pics reconnaissables entre mille.
Luna revient dans cette ville qu’elle a fui quelques années auparavant pour assister son père hospitalisé. Ce père qu’elle a rayé de son cœur on ne sait pas vraiment pourquoi. Revenir à Naples auprès de lui est douloureux pour Luna. Elle doit se confronter à son passé, à sa famille, mais surtout à elle-même. La redécouverte de cette ville dans laquelle elle a grandi va lui faire prendre conscience qu’elle doit accepter ses racines, que Naples vit en elle, et qu’elle doit accepter. Après peut-être pourra t-elle même pardonner.
Sa cousine Gina, exquise comme une sfogliatella à peine sortie du four, va l’aider à faire la paix avec elle-même. Gina va remémorer peu à peu à Luna tous les bons moments partagés dans leur enfance. Elle a une répartie et un humour décapants et va faire comprendre à Luna combien cette ville et sa famille lui ont manqué toutes ces années.
La jovialité et le dynamisme de Gina
rythment bien l’histoire, aidés par les chansons de Gigi d’Alessio
(à écouter en fond sonore pendant
votre lecture).
Sa rencontre avec Filomena (le chat) qui la déteste immédiatement et le lui fait bien sentir, et Filomena (la voisine) nous font, tour à tour, sourire ou nous bouleversent. Cette vieille femme, humaniste, bienveillante, qui vit seule et ne voit personne à part le père de Luna quand il n’était pas malade, a pourtant consacré sa vie à aider les autres. Elle est très émouvante et a gardé un esprit jeune et vif qui nous la rend tout de suite sympathique. Je ferai volontiers une partie de Scopa avec elle.
La signora Anna quant à elle, est la femme de Pascà, qui partage la chambre du père de Luna. C’est une caricature vivante des napolitains. Elle est intrusive et ne peut s’empêcher de se mêler de tout, mais elle nous fait rire avec sa façon bien à elle de soigner son mari. Ses proverbes napolitains sont pittoresques et elle est d’une immense générosité.
Au fil des pages et de ses balades, Luna nous fait visiter l’authentique Naples, pas celle des cartes postales mais celle dans laquelle les trésors architecturaux émergent de la saleté des rues et où la pauvreté côtoie des trésors. On a envie de partir là-bas avec son livre sous le bras et de suivre les itinéraires de Luna. De même on aimerait bien découvrir le Palazzo Donn’Anna et sa terrasse surplombant la baie.
La nourriture a une place importante dans l’histoire et les pizze frite, sfogliatelle, spaghetti a vongole, parmigiana, et autres spécialités nous donnent l’eau à la bouche.
L’amitié aussi tient une place essentielle. La relation de Luna avec ses amies est fusionnelle et elle me fait penser par bien des aspects à notre groupe de « Foldingues en culotte rouge » (elles se reconnaîtront). Ce sont des amitiés précieuses qui nous aident et nous encouragent, nous félicitent et nous poussent, sans nous juger. Francesca, Alessandra, Fatima, sont des femmes lumineuses.
Les personnages de ce roman sont plus savoureux les uns que les autres. Les portraits de femmes sont détaillés et sans concession. Comme dans ses précédents romans, Serena Giuliano décortique les tourments, les états d'âme et les bonheurs des femmes qui l’entourent.
Le style est toujours aussi fluide, chaleureux et plein d’humour ; ce qui fait que malheureusement, on finit le roman très vite.
Mais ne soyez pas dupes, sous des airs de feel-good, ce roman aborde tout de même des sujets très graves : la charge mentale des mères de famille, le racisme, le respect des patients, les relations toxiques, l’homophobie, la corruption, les inégalités sociales.
Je recommande ce roman à toutes celles qui ont besoin de s’évader un peu, de voyager, de rire et de saliver, et je suis sûre que vous aimerez même la petite chatte ! (titre)
Très belle chronique j'aime beaucoup la plume de Serena je retiens ce titre
RépondreSupprimerBravooooo pour cette belle chronique.
RépondreSupprimerCette chronique m'a donné envie de lire ce livre et ainsi partir à la découverte de Naples
RépondreSupprimeret de ces personnages qui semblent si attachants.