Agnès Martin Lugand : Entre mes mains le bonheur se faufile (par Fab)
Éditions Pocket – broché, 281 pages
Aujourd’hui, la jeune femme a 31 ans et étouffe dans son carcan de province, son
mari, un médecin très investi dans son travail, la délaisse. Elle s’ennuie
et sa vie semble être tracée : un emploi
à la banque qui ne l’intéresse pas du tout, les amis de son mari qui ne lui
accordent aucune attention, sa famille qui ne croit pas en elle, tout la pousse
à se refermer sur elle-même.
Mais une terrible révélation va pousser Iris à reprendre en
main son destin. Dans le tourbillon de Paris, elle va courir le risque de
s’ouvrir au monde et faire la rencontre de Marthe, égérie et
mentor, troublante
et autoritaire…
**************
Amour, passion, emprise, domination, Agnès Martin-Lugand
nous décrit peu à peu tout le processus psychologique. Le caractère de chaque
personnage est très complexe et distillé au fil des pages avec une grande
précision. On sent l’analyse approfondie de ces traits de caractère, la
connaissance aiguë des maladies mentales, les dégâts que la manipulation psychologique peut causer sur
les sujets naïfs ou fragiles.
En parallèle, le mode de vie de la « haute société »
parisienne, riche, ambitieuse, sélective, est dévoilé, avec ses forces et ses
faiblesses, son emprise et sa dépendance. C’est fascinant.
Le monde de la haute couture semble être bien plus violent
que le nid de crabe que nous imaginons.
Cependant, la relation d’Iris avec sa machine à coudre, avec
les étoffes et les fils est très sensuelle et on découvre peu à peu combien
elle est enrichie intellectuellement et émotionnellement par cette passion.
Pour moi le personnage central n’est pas Iris mais Marthe.
Marthe la « patronne », très autoritaire, sure d’elle, sublime, intransigeante,
manipulatrice, jalouse, et même malsaine. Elle « emprisonne » Iris dans un
monde de faux-semblants dans lequel elle évolue avec volupté. Elle façonne sans
vergogne Gabriel et Iris pour qu’ils soient à son image.
Bien entendu on devine aisément que le bras droit/fils
adoptif de Marthe, le beau séducteur Gabriel (l’ange déchu, comme il se
qualifie) va tomber éperdument amoureux d’Iris. Mais la personnalité et
l’histoire de Gabriel valent bien sa présence dans ce roman.
**************
Portrait d’une femme en quête de son identité, ce roman nous
entraîne dans une aventure diabolique dont, comme son héroïne, le lecteur a du
mal à se libérer.
La plume d’Agnès Martin-Lugand nous transporte, elle sait
nous faire nous sentir intime avec ses personnages. Les pages défilent. Si je
devais définir ce roman en un mot, ce serait « perturbant ».
J’aimerais beaucoup en voir une adaptation
cinématographique.
Vous l’avez compris, dès que je l’ai commencé je n’ai pas pu
le lâcher. Un coup de cœur pour moi.
Commentaires
Enregistrer un commentaire