Agnès Martin Lugand : Entre mes mains le bonheur se faufile (par Fab)

 

Éditions Pocket – broché, 281 pages

Depuis l’enfance, Iris a une passion pour la couture. Dessiner des modèles, leur donner vie comme par  magie, voilà ce qui la rend heureuse. Mais ses parents en ont décidé autrement, et Iris, trop docile, s’est résignée.

Aujourd’hui, la jeune femme a 31 ans et  étouffe dans son carcan de province, son mari, un médecin très investi dans son travail, la délaisse. Elle s’ennuie et  sa vie semble être tracée : un emploi à la banque qui ne l’intéresse pas du tout, les amis de son mari qui ne lui accordent aucune attention, sa famille qui ne croit pas en elle, tout la pousse à se refermer sur elle-même.

Mais une terrible révélation va pousser Iris à reprendre en main son destin. Dans le tourbillon de Paris, elle va courir le risque de s’ouvrir au monde et faire la rencontre de Marthe, égérie et
mentor, troublante et autoritaire…

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Amour, passion, emprise, domination, Agnès Martin-Lugand nous décrit peu à peu tout le processus psychologique. Le caractère de chaque personnage est très complexe et distillé au fil des pages avec une grande précision. On sent l’analyse approfondie de ces traits de caractère, la connaissance aiguë des maladies mentales, les dégâts que la  manipulation psychologique peut causer sur les sujets naïfs ou fragiles.

En parallèle, le mode de vie de la « haute société » parisienne, riche, ambitieuse, sélective, est dévoilé, avec ses forces et ses faiblesses, son emprise et sa dépendance. C’est fascinant.

Le monde de la haute couture semble être bien plus violent que le nid de crabe que nous imaginons.

Cependant, la relation d’Iris avec sa machine à coudre, avec les étoffes et les fils est très sensuelle et on découvre peu à peu combien elle est enrichie intellectuellement et émotionnellement par cette passion.

 

Pour moi le personnage central n’est pas Iris mais Marthe. Marthe la « patronne », très autoritaire, sure d’elle, sublime, intransigeante, manipulatrice, jalouse, et même malsaine. Elle « emprisonne » Iris dans un monde de faux-semblants dans lequel elle évolue avec volupté. Elle façonne sans vergogne Gabriel et Iris pour qu’ils soient à son image.

Bien entendu on devine aisément que le bras droit/fils adoptif de Marthe, le beau séducteur Gabriel (l’ange déchu, comme il se qualifie) va tomber éperdument amoureux d’Iris. Mais la personnalité et l’histoire de Gabriel valent bien sa présence dans ce roman. 

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Portrait d’une femme en quête de son identité, ce roman nous entraîne dans une aventure diabolique dont, comme son héroïne, le lecteur a du mal à se libérer.

La plume d’Agnès Martin-Lugand nous transporte, elle sait nous faire nous sentir intime avec ses personnages. Les pages défilent. Si je devais définir ce roman en un mot, ce serait « perturbant ».

J’aimerais beaucoup en voir une adaptation cinématographique.

Vous l’avez compris, dès que je l’ai commencé je n’ai pas pu le lâcher. Un coup de cœur pour moi.

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